1 LE CADEAU DU PÈRE NOËL

2 RÉUSSIR SA VIE 

3 RECONNAÎTRE UN TABLEAU

4 LE HÉRON

5 SOLARIS

6 JE RÊVE

7 LA JOURNEÉ DE LA FEMME

8 LA SEMAINE DE LA POÉSIE

9 LE MÉRITE

10 LA DERMATO

11 L'HUMOUR

12 LE VIEUX MARIN

13 HUMUSONS NOUS

14 LA BELLLE ET LE MOTARD

15 LES VIEUX AMANTS

16 LA PASSAGÈRE ENDORMIE

17 LES AMIS

18 DANS UN TAXI

19 UTOPIE

20 COURAGE OU LÂCHETÉ ?

21 DOCTEUR GRAFENBERG

22 LES CONS

23 LA FIN DU MONDE

24 ON PARLE TROP

25 CONSOMMONS, CONSOMMONS

26 LE SENS DE LA VIE

27 L'OCTOGÉNAIRE

28 AMNÉSIE

29 LE REPAS

30 LES HOMMES ET LE MENSONGE

31 RÉVEIL AU SOLEIL

32 QUI SUIS-JE ?

33 LE GENTLEMAN ANGLAIS

34 POUSSE MOI SEULEMENT

35 ALCOOL

36 ALCOOL (suite)

37 LE GINGKO BILOBA

38 LA PUB DANS LES WC

39 ZWARTE PIET

40 IDÉALISTES

41 VENISE

42 FIDÉLITÉ

43 CHARLES DARWIN

44 LES ARTISTES

45 CONTE DE NOËL

46 LES MOTS D'AMOUR

47 FILLE D'ORIENT

48 HIER, AUJOURD'HUI, DEMAIN

49 LE VIN

50 VOYAGE SUR TERRE

 

**********************************************

 

1 LE CADEAU DU PÈRE NOËL

 

 

 

Papa Noël est triste, à ce que l'on raconte,

 

Nul euro n'alourdit son pantalon bouffant ;

 

L’état n'ayant pas pu ravitailler son compte,

 

Il ne pourra donner de cadeaux aux enfants.

 

 

 

Se sentant seul et pas doué pour le négoce,

 

Il rejoint des gilets anti-jupitériens ;

 

Mais les jaunes gilets n'ayant cure des gosses,

 

Il invente un cadeau, cher mais ne coûtant rien.

 

 

 

C'est ainsi qu'à Noël, tous les enfants du monde,

 

Les gentils, les méchants, les bébés, les ados,

 

Les ingénus enfants sortant de leur dodo,

 

 

 

Attendant qu'à leurs vœux, un vieil homme réponde,

 

Reçurent un sourire en guise de cadeau,

 

Qui pétrifia le leur en moins d'une seconde.

 

 

 

le 23 12 2018

 

 

 

2 RÉUSSIR SA VIE

 

 

 

Est-ce la perdre en la passant à la gagner,

 

La sacrifier sous l'âpre autorité d'un maître,

 

Ne faire à tout moment que des choix prisonniers

 

Du jugement de gens cherchant à les soumettre ?

 

 

 

Ou est-ce tout quitter en retournant aux sources,

 

Voguer de port en port cherchant à s'abonnir,

 

Pour enfin terminer son homérique course,

 

Imprégné d'acquis forts et d'amples souvenirs ?

 

 

 

Ou n'est-ce être qu'heureux, à deux, tout simplement,

 

Se suffisant d'un rien, de rien en abondance,

 

En comptant sur ses mains et sur la Providence,

 

 

 

Vivant le jour, en mouvement, la nuit, dormant

 

Dans la paix intérieure issue de l'évidence

 

Qu'on ne pouvait pas faire mieux, ni autrement ?

 

 

 

le 25 01 2019

 

 

 

3 RECONNAÎTRE UN TABLEAU

 

 

 

Les femmes sont plutôt fessues, ont de gros seins,

 

Se montrent nues, sans retenue ? c'est un Rubens ;

 

Les hommes ont un air homo, des yeux de vache ?

 

On comprend aussitôt que c'est un Caravage ;

 

 

 

Ils ressemblent à des clochards, à des mendiants,

 

Ils posent de trois quarts ? juré, c'est un Rembrandt ;

 

Ils sont nus, empilés, ils ont de fortes hanches ?

 

Vous êtes assuré que c'est un Michel Ange.

 

 

 

Mais si les figurants, des vieillards endormis,

 

Sont couchés comme des pochards plutôt bien mis,

 

Ce n'est pas un Gaugin commettant une arnaque

 

 

 

Qui, d'un pinceau malin, aurait peint des canaques,

 

C'est une photo prise en haut d'un poulailler,

 

De députés flapis supposés travailler.

 

 

 

le 12 02 2019

 

 

 

4 LE HÉRON

 

 

 

Ça fait déjà quelques années, on a creusé

 

Un petit bassin rond au fond du potager ;

 

On y a mis des nénuphars, des poissons rouges ;

 

Et un matin, je vois une forme qui bouge.

 

 

 

C'était un héron qui nous piquait nos poissons ;

 

Pas gêné pour un sou, tranquille ce héron.

 

Quand j'ai crié, il est parti mais la canaille

 

Est revenue pour déguster ma poissonnaille.

 

 

 

Comme il est protégé, je ne l'ai plus chassé,

 

Mais cet oiseau, pas sot, en a bien profité,

 

À chaque apparition, amenant d'autres bêtes :

 

 

 

Un jour, une oie cendrée, un canard, une aigrette,

 

Le lendemain, un cormoran, un échassier.

 

Quand mes petits poissons vont être protégés ?

 

 

 

le 15 02 2019 Papy Guy pour Louise et Victor

 

 

 

5 SOLARIS

 

 

 

Cette boule de feu de gaz et de poussières,

 

Qui fait naître la vie dans un si beau décor,

 

Cet astre lumineux qui réchauffe nos corps,

 

Répand son énergie vitale et nourricière.

 

 

 

Transformer ses rayons en courant électrique,

 

Au moyen de panneaux recueillant sa chaleur,

 

Pour notre humanité, nos enfants et les leurs,

 

C'est les mettre à l'abri du danger atomique.

 

 

 

Et c'est enfin aussi un frein aux pollutions

 

De l'air, du sol, de l'eau, de nos vives substances ;

 

C'est, de notre radeau, la seule protection.

 

 

 

Que cette énergie propre émane en flots intenses,

 

De ces parcs où se joue l'écolo-transition,

 

Afin qu'ensoleillée sourie notre existence.

 

 

 

le 25 02 2019

 

 

 

6 JE RÊVE

 

 

 

Quand des gens comme moi, d'anodine importance,

 

Sont traités çà et là plus bas que des gorets,

 

J'aimerais les mener vers une autre existence

 

Où ils pourraient aller où bon leur semblerait.

 

 

 

Où ils pourraient vaquer, insouciants et légers,

 

En secret, libérés du fardeau de la haine

 

D'individus dotés d'un esprit dérangé,

 

Qui voue l'étrange et l'étranger, à la géhenne.

 

 

 

Seule la formation des êtres qui s'éveillent,

 

Pouvant les préserver des maladives peurs,

 

Qui font d'eux des esprits secrètement frappeurs,

 

 

 

Je rêve que ces sots, un matin se réveillent

 

Dans la peau d'un homo, d'un poussah, d'un chétif,

 

D'un maghrébin, d'un noir, ou dans celle d'un juif.

 

 

 

le 28 02 2019

 

 

 

7 LA JOURNEÉ DE LA FEMME

 

 

 

Plus petite, fragile et moins musclée que l'homme,

 

La femme, de tout temps, lui dut sa protection ;

 

Ce qu'elle obtint au prix de quelques corrections

 

Dont son fruste champion n'était pas économe.

 

 

 

Dans les pays nantis du progrès supposé,

 

S'éleva lentement le statut de la femme ;

 

Dans des lieux où jamais ne pénétrait leur âme,

 

Dans les académies, elle put se poser.

 

 

 

La femme d'aujourd'hui, n'est pas une gourmande

 

Quand l'accès au savoir, à l’électricité,

 

À la justice, à l'internet, elle demande,

 

 

 

Non plus quand elle veut un peu d'égalité :

 

Être dûment payée afin d'être autonome,

 

De devenir utile à l'avenir de l'Homme.

 

 

 

le 07 03 2019

 

 

 

8 LA SEMAINE DE LA POÉSIE

 

 

 

Qui veut être compris de qui parle français,

 

En recourant à l'alphabétique écriture,

 

Connaît en général un logique succès

 

S'il évite rébus et vaines fioritures.

 

 

 

Le poète, le vrai, tourné vers son futur,

 

D'être compris de tous et de toutes se fiche,

 

Ne cherchant qu'à copier Charles, Paul ou Arthur,

 

Nos poètes géniaux débordant de l'affiche.

 

 

 

Il ôte pour cela toute ponctuation,

 

Mise tout sur la forme, un peu moins sur le thème,

 

Force tant et si bien son imagination,

 

 

 

Qu'il devient hermétique à tous et à lui-même.

 

C'est pour ça qu'aujourd'hui, menacée d'extinction,

 

La poésie se rue en rues afin qu'on l'aime.

 

 

 

le 20 03 2019

 

 

 

9 LE MÉRITE

 

 

 

« S'il est vrai que j'avais quelques atouts en mains

 

Lorsque je végétais au ras des marguerites,

 

J'ai travaillé toute ma vie comme un Romain,

 

Et aujourd'hui, tout ce que j'ai, je le mérite ».

 

 

 

Fanfaronne le fat en sa superbe intense,

 

Qui n'imagine pas que ses atouts innés,

 

Dans sa prospérité, ont autant d'importance

 

Que les causes cachées qui l'ont déterminé.

 

 

 

Quel mérite y a t-il d'être né quelque part,

 

D'éprouver des envies riches en avantages,

 

D'être un subtil esprit, un Einstein, un Mozart ?

 

 

 

De même, est-il honteux d'amasser les ratages ?

 

Si le mérite existe, il est dans le partage

 

De ce qu'aux plus chanceux, accorde le hasard.

 

 

 

le 17 04 2019

 

 

 

10 LA DERMATO

 

 

 

J'attendais en rêvant, chez une dermato,

 

Quand je vis, évident, son sceau de praticienne ;

 

Elle portait le nom d'une jolie Lucienne

 

Qui brouilla ma raison, quarante années plus tôt.

 

 

 

En entrant, intrigué, dans la salle de soins,

 

J'ai de suite écarté l'idée que c'était elle ;

 

Cette femme aux cheveux des champs, jaune immortelle,

 

Ne pouvait pas avoir pris de l'âge à ce point.

 

 

 

Après qu'elle eut longtemps examiné ma peau,

 

Je lui ai demandé, sourcillant d'inquiétude,

 

Si elle n'avait pas été en classe à Pau.

 

 

 

Si, me répondit-elle, en changeant d'attitude.

 

On se connaît, luis dis-je, avant de rester coi :

 

''Je ne me souviens pas, vous étiez prof de quoi'' ?

 

 

 

le 18 04 2019

 

 

 

11 L'HUMOUR

 

 

 

Si, sachant se tenir, il n'est un point de mire,

 

L'humour au coin des mots, celui qui fait sourire,

 

Rend plus légers, plus beaux et plus intelligents,

 

Les rapports autres que charnels entre le gens.

 

 

 

En malice immiscée dans un dialogue austère,

 

Sur un sujet léger, en grave commentaire,

 

Jamais noir ou cruel, opère cet humour

 

Qui répand dans le ciel, un fin parfum d'amour.

 

 

 

L'humour de l'humoriste, lui, plus sarcastique,

 

À peine moins mordant que la soude caustique

 

Quand il grossit les traits de la stupidité,

 

 

 

Peut nous faire approcher l'extrême hilarité,

 

Même si, déplacée, son outrance nous choque,

 

Dès le moment où c'est des autres qu'il se moque.

 

 

 

le 09 05 2019

 

 

 

12 LE VIEUX MARIN

 

 

 

À l'aube d'arriver dans la rade annoncée,

 

Le vieux marin, soudain, éprouve des regrets :

 

De ne pas avoir su bien manier ses agrès

 

Dans le courant de sa mouvante traversée,

 

 

 

De ne pas avoir eu l'égoïste courage,

 

De mordre dans la vie dont petit il rêvait,

 

D'avoir caché les sentiments qu'il éprouvait,

 

Et sur ses vieux amis, d'avoir tourné la page.

 

 

 

Enfin, sa nef étant sur le point d'accoster,

 

Après le bilan fait des choses regrettables

 

Qui ont marqué sa vie, dont il se sait comptable,

 

 

 

Le vieux marin, troublé, se doit de constater

 

Qu'il s'est trop écarté des escales touchantes

 

En voulant s'approcher des lendemains qui chantent.

 

 

 

le 22 05 2019

 

 

 

13 HUMUSONS NOUS

 

 

 

Quand la mort, hier encore, avait fait ses affaires,

 

Il ne s'offrait à nous que de piètres options :

 

L'embaumement, l'enterrement, la crémation ...

 

Dans un suaire ou le bois blanc d'un conifère.

 

 

 

Demain enfin, en plus de ces modes austères,

 

Un nouvel, au menu, nous sera proposé

 

Pour que nos corps, totalement décomposés,

 

Et sans causer de torts, retournent à la terre.

 

 

 

Plus de frais de cercueil, d'ouvrage tumulaire,

 

Fini le CO², fini la pollution

 

De nos vivants milieux, grâce à l'humusation

 

 

 

Qui permettra, d'une manière populaire,

 

À qui a tout raté, jusqu'à ses vains remords,

 

En fleurissant les prés, de réussir sa mort.

 

 

 

le 27 05 2019

 

 

 

14 LA BELLLE ET LE MOTARD

 

 

 

Un motard aperçoit, prête à sauter d'un pont,

 

Une femme habillée de vêtements fripons.

 

Aussitôt dégagé de sa pétaradante,

 

Il la raisonne en ces paroles transcendantes :

 

 

 

''Une fleur aussi belle et si jeune, dit-il,

 

Ne peut pas sacrifier au fleuve son pistil ;

 

Laissez-moi déposer un baiser sur vos lèvres,

 

Vous verrez, vos soucis vont filer comme un lièvre.''

 

 

 

Cette instance acceptée changea son avenir ;

 

Aucun baiser n'ayant plu mieux à ses papilles,

 

Au point de le doter d'un fabuleux désir,*

 

 

 

Le motard s'écria : ''Aimons-nous pour la vie,

 

Mais, … dites-moi, ... pourquoi vouliez-vous en finir ?''

 

''Ma mère ne veut plus que je m’habille en fille''.

 

 

 

le 17 06 2019

 

 

 

15 LES VIEUX AMANTS

 

 

 

En voyant ces deux vieux qui, s'étant retrouvés

 

Trois quarts de siècle après que fut finie la guerre,

 

Ont effleuré leurs joues ridées, comme naguère,

 

Au temps où leur amour se prenait à rêver,

 

 

 

En les voyant se caresser du bout des doigts,

 

S'échanger en souriant, des gestes de tendresse,

 

Se proposer en riant d'échanger leurs adresses,

 

Comme une âme d'enfant, de le faire se doit,

 

 

 

En voyant la beauté de cette fable humaine,

 

Nombre de mal mariés, homos, pacsés inclus,

 

On dû penser qu'ils auraient dû, n'en parlons plus,

 

 

 

Se séparer de leur conjoint qui les malmène,

 

Un dimanche matin ou en fin de semaine,

 

Enfin bref, peu de temps après qu'ils se sont plu.

 

 

 

le 23 06 2019

 

 

 

16 LA PASSAGÈRE ENDORMIE

 

 

 

Une femme endormie dans un royal Airbus

 

Se réveille soudain, le sentant immobile ;

 

Seule dans la pénombre et le silence en sus,

 

Elle imagine vivre un cauchemar débile.

 

 

 

Elle parvient, quelques secondes seulement,

 

À joindre un proche en l'appelant sur son portable,

 

Mais la pile dit stop au plus mauvais moment

 

Et sa situation devient épouvantable.

 

 

 

Parvenue à ouvrir un huis de l'appareil,

 

Elle appelle un agent qui sur un chariot passe,

 

Et qui, sur le tarmac, ramène ses orteils.

 

 

 

Son incident, depuis, jamais ne la pourchasse,

 

Et elle a retrouvé son plus profond sommeil,

 

Son compagnon ronflant comme un avion de chasse.

 

 

 

le 25 06 2019

 

 

 

17 LES AMIS

 

 

 

Il y a, m'a t-on dit, toutes sortes d'amis,

 

Des plus vrais aux moins vrais ; certains qui nous haïssent,

 

D'autres qui nous sourient, demain qui nous trahissent,

 

Et puis ceux qui s'inquiètent de nous à demi.

 

 

 

Pour moi, le grand ami est celui qui partage

 

Ces moments dont plus tard on fera le récit,

 

Remémorant nos joies, nos peines, nos soucis,

 

Et nos fameux repas, riches en papotages.

 

 

 

Pour clore ce sonnet volontiers indulgent,

 

Ne voulant ni jeter sur l'ami l'anathème,

 

Ni l'orner d'un halo, d'une aura, d'un diadème,

 

 

 

Mais seulement offrir aux amis un poème,

 

Je pourrais dire que ''les amis sont des gens

 

Qui se connaissent bien et qui s'aiment quand même''.

 

 

 

le 26 06 2019

 

 

 

18 DANS UN TAXI

 

 

 

Un voyageur dans un taxi, lors d'une étape,

 

Souhaitant amorcer une conversation,

 

Décoche à son chauffeur une petite tape

 

Du bout du doigt, pour attirer son attention.

 

Celui-ci pousse un cri tout juste inimitable,

 

Puis freine et stop à temps au pied d'un bâtiment,

 

Se disant désolé, se sentant responsable ;

 

Le client secoué, dit son étonnement :

 

 

 

- Vous criez tout le temps quand un doigt vous effleure ?

 

- Vous n'y êtes pour rien, répond notre gaillard,

 

Même si votre doigt ne compte pas pour beurre ;

 

 

 

Ce n'est pas que je sois spécialement trouillard,

 

Mais je fais le taxi depuis à peine une heure ;

 

Jusqu'à hier soir, je conduisais un corbillard.

 

 

 

le 27 06 2019

 

 

 

19 UTOPIE

 

 

 

Ah, s'il était compris, et par le monde entier,

 

Que nous ne sommes mus que par notre éclairage,

 

Criminels, assassins, violeurs, faiseurs d'outrages,

 

Inspireraient plus que l'opprobre, la pitié ;

 

 

 

On essaierait toujours, ces fous, de les guérir

 

Dans quelque asile ou quelque lieu dont c'est le rôle,

 

On les mettrait toujours au fond d'une geôle,

 

Mais on devrait les plaindre au lieu de les haïr ;

 

 

 

Notre regard sur les gens jugés différents,

 

Ne serait plus ni indulgent ni tolérant,

 

Et moins encore hostile, aveuglé d'ignorance ;

 

 

 

Identique à celui qu'on porte, déférent,

 

Sur tout individu normal en apparence,

 

Il ne serait qu'indifférent aux différences.

 

 

 

le 03 07 2019

 

 

 

20 COURAGE OU LÂCHETÉ ?

 


Après cinq ans de folle et mondiale fureur,

 

Et des millions de morts de la classe vulgaire,

 

Voyant que ses armées avaient perdu la guerre,

 

S'est suicidé celui qu'on appelait führer.

 

 

 

Il aurait pu filer, le funeste Autrichien,

 

Ou mourir en soldat, ou bras levés, se rendre,

 

Mais il a préféré, d'une balle, dépendre,

 

Se suicider après avoir tué ses chiens.

 

 

 

Est-ce la noble et courageuse signature

 

Des deux pour cent d'humains qui se donnent la mort,

 

Ou est-ce le cachet d'une lâche nature ?

 

 

 

La seule vérité qui ne peut avoir tort,

 

C'est qu'Hitler est bien mort, tout le monde est d'accord ;

 

Tout avis sur le fond, n'est que littérature.

 

 

 

le 14 07 2019

 

 

 

21 DOCTEUR GRAFENBERG

 

 

 

Merci à ce grand homme, héros institué,

 

Qui découvrit ce que toute femme mature

 

Possède à sa naissance en son ointe ouverture,

 

Étonnamment, sans savoir où le situer.

 

 

 

La découverte osée de ce point convoité,

 

Qui crie ''encore, encore'' au plus profond des femmes,

 

Fut d'abord mise en doute ou qualifiée d’infâme,

 

Par les sots de l'époque et l'incrédulité.

 

 

 

Depuis ces temps anciens, les esprits ont changé ;

 

Réunis dans l'amour, chasseurs et chasseresses,

 

Recherchent cet endroit qui crie sous les caresses ;

 

 

 

Caresses qui, mêlées aux baisers exigés,

 

Luttent au demeurant contre la sécheresse

 

De ce lieu si troublant où niche le point G.

 

 

 

le 21 07 2019

 

 

 

22 LES CONS

 

 

 

Notre cerveau devant se parer des menaces,

 

Il a dû, de tous temps, se protéger des cons,

 

Celui qui nous émeut, qu'on plaint, le con bonasse,

 

Et celui qu'on honnit ; étudions le second.

 

 

 

Pour ébaucher ses traits dans un portrait robot,

 

Nous dirons qu'il sait tout et avec certitude,

 

Qu'il aime être flatté comme aime l'être un sot,

 

Et sur sa fatuité, qu'il n'a pas d'inquiétude.

 

 

 

On reconnaît le con à cela qu'il déconne,

 

En toute position, assis, couché, debout,

 

Aussi qu'il donne son avis sans qu'on le sonne.

 

 

 

Enfin bref, qu'il bégaye ou qu'il ait du bagout,

 

Le vrai con de chez con, c'est la sotte personne

 

Qui ne pense pas comme nous, qu'en pensez-vous ?

 

 

 

le 22 07 2019

 

 

 

23 LA FIN DU MONDE

 

 

 

Si les prophètes crient leur peur à l'unisson,

 

Pour annoncer aux braves gens la fin du monde,

 

Chacun de ces voyants précise à sa façon,

 

Sous quel aspect apparaîtra la bête immonde :

 

 

 

Colère de l'atome, endémie, glaciation,

 

Astéroïde, avortements, effet de serre,

 

Furie des océans, totale pollution,

 

Venue du fond des temps, d'inhumains adversaires ?

 

 

 

Peut-être ont-ils raison, ces prophètes austères,

 

Qu'aurait pu jalouser Jésus de Nazareth,

 

Et s'ils ne crient, pas question de les faire taire,

 

 

 

Mais moi qui suis peu clairvoyant mais terre à terre,

 

Et pour l'avoir connue, je le dirai tout net,

 

La fin du monde c'est … n'avoir plus internet.

 

 

 

le 04 08 2019

 

 

 

24 ON PARLE TROP

 

 

 

Nombre d'affirmations n'ont d'autre fondement

 

Que la rumeur incertaine et rudimentaire,

 

Et leurs auteurs, en médisant impunément,

 

Perdent une occasion précieuse de se taire.

 

 

 

C'est comme ceux qui nous confient leurs obsessions

 

Comme des prophéties sacrées et salutaires ;

 

Prenant pour vérité leur imagination,

 

Ils perdent, eux aussi, l'occasion de se taire.

 

 

 

Sans oublier les détenteurs de vérités,

 

Qui manquant de tenue la plus élémentaire,

 

Par le menu, se plaisent à les éventer.

 

 

 

Le monde parle trop sur notre vieille terre,

 

Souvent pour ne rien dire ; et pour tout dire, (en aparté),

 

Je crois que je devrais commencer à me taire.

 

 

 

le 18 08 2019

 

 

 

25 CONSOMMONS, CONSOMMONS

 

 

 

Tout objet usagé mis en déchetterie,

 

Devant être changé par un nouveau produit,

 

Ce renouvellement dépensier se traduit

 

Par l'enrichissement de nos trésoreries.

 

 

 

Plus vite se démodent, se cassent les choses,

 

Plus le malade sort ses sous pour se soigner,

 

Plus nos comptables rient, aimant à souligner

 

Que sur l'argent brassé, notre force repose.

 

 

 

Qu'une santé de fer, à tout le monde s'offre,

 

Que nous ne jetons plus le moindre brimborion,

 

Que rien ne se démode avant que nous mourrions,

 

 

 

Et c'est la fin d'un monde, et c'est la catastrophe.

 

Conclusion : consommons, consommons et prions,

 

Consommons, consommons, en croyants philosophes.

 

 

 

le 21 08 2019

 

 

 

26 LE SENS DE LA VIE

 

 

 

Quand notre vie n'est qu'une épreuve au quotidien,

 

Qu'on la consacre à dénouer des nœuds gordiens,

 

Quand on se sait promis à l'ultime sentence,

 

On peut se demander quel sens a l’existence.

 

 

 

En a t-elle un dans la puissance de l'argent,

 

Dans le feu des passions, dans un acte exigeant ?

 

En a t-elle un dans un ouvrage planétaire,

 

Dans un projet de caractère humanitaire ?

 

 

Les religions répondent à cette question

 

Par le pari gagnant de la divine option.

 

Tourné vers quelque Dieu de l'Olympe immortelle,

 

 

 

Soumis aux desseins pieux de la Sainte Tutelle,

 

L'heureux croyant, bien à l'abri dans son bastion

 

Fait d'illusion, ne se pose plus de questions.

 

 

 

le 23 08 2019

 

 

 

27 L'OCTOGÉNAIRE

 

 

 

C'est toujours un bonheur de souffler des bougies

 

En train de fondre en pleurs sur un gâteau joyeux,

 

Et ces quatre vingt là, plantées pour mes beaux yeux,

 

M'inspirent à la fois plaisir et nostalgie.

 

 

 

Plaisir en découvrant vos bouilles débonnaires,

 

Heureuses d'arroser mes quatre fois vingt ans,

 

Nostalgie dans l'écho ténu du bon vieux temps,

 

Encore hantant mon ciboulot d'octogénaire.

 

 

 

N'attendez pas de moi, pour cette auguste fête,

 

Un discours d'autrefois, tremblant de vibrato,

 

Vous racontant ma vie, victoires et défaites,

 

 

 

Vous prédisant votre avenir comme un prophète,

 

Et le meilleur qui soit pour qui se lève-tôt ;

 

Je souffle mes bougies et coupons le gâteau.

 

 

 

le 24 09 2019

 

 

 

28 AMNÉSIE

 

 

 

Vous pouvez habiter un castel en Corrèze,

 

Avec l'or de l'État, le restaurer à l'aise,

 

Quand votre fin viendra, les avis indulgents

 

Diront que vous étiez près du peuple et des gens.

 

 

 

Vous pouvez affirmer aimer les autochtones

 

Et donner l'ordre, à Ouvéa, qu'on les cartonne,

 

Crier la maison brûle et libre de tout mors,

 

Sacrifier des atolls aux atomes de mort,

 

 

 

Subtiliser des fonds, abuser les confiances,

 

Prendre en dépit des lois, des intérêts juteux,

 

À votre mort, vos mauvais pas, les plus boiteux,

 

 

 

Seront rangés au rayon de l'insignifiance.

 

Il suffit qu'un pays de râleurs captivants,

 

Vous trouve comme lui, charmeur et bon vivant.

 

 

 

le 05 10 2019

 

 

 

29 LE REPAS

 

 

 

Ô combien de repas de type alimentaire

 

Sont pris sous des climats tristes et solitaires,

 

Quand ils devraient sur la planète, à tout moment,

 

Être un instant de fête et de rapprochement.

 

 

 

Pris autour d'une table, et qu'importe la nappe,

 

En famille, entre amis adeptes des agapes,

 

Quand l'échange d'idées et le vin sont compris,

 

Les repas sont la joie du corps et de l'esprit.

 

 

 

Du déjeuner de luxe au dîner sur le pouce,

 

Le petit noir en plus et le marc qui le pousse,

 

Chacun de nos repas, et tous, jusqu'au dernier,

 

 

 

Depuis le plus goulu du nourrisson qui tète,

 

En passant par celui d'un heureux tête à tête,

 

Est un moment de vie, sur la tombe, gagné.

 

 

 

le 8 10 2019

 

 

 

30 LES HOMMES ET LE MENSONGE

 

 

 

Si les hommes parfois, mentent à leur épouse,

 

(Ceci-dit en passant, souvent par omission),

 

C'est que les femmes sont par nature, jalouses,

 

Et qu'en leur inconscient, couve la suspicion.

 

 

 

Si votre homme vous ment, c'est parce qu'il vous aime,

 

Madame, et que doté d'une âme de milord,

 

Il veut vous épargner l'aveu de ses problèmes ;

 

Et quand il ment, c'est avec des mots vrais, alors,

 

 

 

Ayez à son égard, la suspicion plus souple ;

 

Enfin, si vous voulez conserver votre couple,

 

Écoutez ce conseil, utile à sa gestion,

 

 

 

Facile à suivre et évident, quand on y songe :

 

''Pour qu'un homme ne vous dise pas de mensonges,

 

Il suffit de ne pas lui poser de questions''.

 

 

 

le 17 10 2019

 

 

 

31 RÉVEIL AU SOLEIL

 

 

 

Tout au fond de notre sommeil, veille la mort ;

 

Dans l'éclosion de notre éveil, elle s'endort,

 

Laissant dans notre corps, de minimes séquelles

 

Et la joie de ne pas déjeuner avec elle.

 

 

 

Quel plaisir, au réveil, écarquillant les yeux,

 

De revoir le soleil dans l'univers spacieux,

 

Ou de savoir, guettant son arrivée divine,

 

Que seuls à cet instant, les vivants la devinent.

 

 

 

On comprend mieux pourquoi, depuis la nuit des temps,

 

Le sommeil a pour l'homme un profil inquiétant,

 

Le réveil au soleil, une beauté céleste,

 

 

 

Et pourquoi, pour la joie de notre Corse agreste,

 

Notre phare essentiel se lève en son étang,

 

Une fois le matin, une autre après la sieste.

 

 

 

le 24 10 2019

 

 

 

32 QUI SUIS-JE ?

 

 

 

Je suis venu des USA, après la guerre ;

 

J'ai gagné le combat sur les doigts, les journaux,

 

Et avant, le bâton, les cailloux, le poireaux,

 

La chemise, le foin, une poignée de terre.

 

 

 

On ne peut se passer de moi qu'en théorie ;

 

Je mets à mal pourtant les océans troublés,

 

Et malgré l'invention du papier recyclé,

 

De mes rouleaux, la Chine encourt la pénurie.

 

 

 

Au Japon, depuis peu en Europe, on constate

 

Un engouement non mitigé pour le jet d’eau,

 

Une invention française, amie du lavabo,

 

 

 

Qui sauvera le bois, évitant qu'on l'abatte,

 

Mais qui, de mon trépas, avancera la date.

 

Mais tant pis, la planète est au bout du rouleau.

 

 

 

le 25 10 2019

 

 

 

33 LE GENTLEMAN ANGLAIS

 

 

 

Le gentleman Anglais est cet homme étonnant

 

Qui décrit Kate Upton sans geste inconvenant,

 

Qui s'adressant à une femme entre deux âges,

 

Choisit celui qui la rajeunit d'avantage ;

 

 

 

Écoutant votre blague éculée qu'il connaît,

 

Il rit comme un cheval défait de son harnais,

 

Il sait jouer du fifre et de la cornemuse,

 

Mais près d'une lady, jamais ne s'y amuse.

 

 

 

Le gentleman Anglais, le vrai, c'est tout cela,

 

Mais c'est ce type aussi qui au whisky s'adonne

 

En y versant des traces de coca cola,

 

 

 

Mais c'est aussi, dans ce pays qui nous étonne,

 

Le nom qu’une lady à un jeune homme donne,

 

Avant que celui-ci l'emmène au cinéma.

 

 

 

le 28 10 2019

 

 

 

34 POUSSE MOI SEULEMENT

 

 

 

Je t’aperçois parfois, grand enfant souriant,

 

Promenant devant toi ta canne cliquetante ;

 

Et puis, comme immergé dans ta marche hésitante,

 

Soudain tu disparais de l'asphalte bruyant.

 

 

 

Les pas que font les gens avec toi, par moments,

 

Excluent l'apitoiement, car on sait que tu tires,

 

Dans la gamme des sons, les parfums qui s’étirent,

 

Les formes et les fonds, un flot d’enseignements.

 

 

 

En remarquant ta force, il me vient une idée :

 

Si tu aimes le sport, faisons une bordée,

 

Comme des garnements, turbulents, insolents.

 

 

 

Avec mes yeux de loup et tes jambes valides,

 

Partons comme des fous au volant d'un bolide ;

 

Pousse-moi seulement dans mon fauteuil roulant.

 

 

 

le 29 10 2019

 

 

 

35 ALCOOL

 

 

 

Dans ton combat marqué par la désespérance,

 

Ton faux ami juré se rit de tes efforts,

 

Et ces honnêtes voix qui te condamnent fort,

 

Ne savent rien de toi, ni quelle est ta souffrance.

 

 

 

Je peux t'aider, peut-être, et si j'en suis capable,

 

On pourra si tu veux, ensemble en discuter ;

 

Tu pourras te confier en toute intimité,

 

Me parler dans les yeux sans te sentir coupable.

 

 

 

Tu peux soigner ce mal, le guérir à jamais,

 

Cet alcool infernal, demain ne plus le prendre ;

 

Te retrouver en liberté va te surprendre.

 

 

 

Si tu crains de manquer de ce que tu aimais,

 

Je serai là pour t'apporter mon soutien, mais ...

 

Tu resteras le seul à pouvoir entreprendre.

 

 

 

le 04 11 2019

 

 

 

36 ALCOOL (suite)

 

 

 

Dans ce projet à raviver au quotidien,

 

Nous rirons du passé, de ta première cuite,

 

De ce verre innocent qui provoqua ta fuite

 

Dans ce mal insidieux procurant tant de bien.

 

 

 

Rejoins, dans la confiance et dans l'anonymat,

 

Un club d'anciens buveurs, ces aires fraternelles

 

Où tout contributeur est une sentinelle,

 

Avant que tes tourments frisent les maxima.

 

 

 

Pour écarter l'alcool, t'ôter de sa tutelle,

 

Laisse à de vrais amis, le soin de s'immiscer

 

Dans ton monde intérieur où rien n'est effacé.

 

 

 

Un jour on gravera sur ta stèle immortelle :

 

''Après un long trépas pour cause accidentelle,

 

Une nouvelle vie pour pour elle (lui) a commencé''.

 

 

 

le 05 11 2019

 

 

 

37 LE GINKGO BILOBA

 

 

 

Le Ginkgo Biloba, l'abricotier d'argent,

 

Déroge étonnamment aux règles coutumières,

 

Cet arbre d'à présent ayant vu la lumière

 

Avant le tout premier dinosaure émergeant.

 

 

 

Ceci laisse penser que la plante en question

 

Tiendra tête à la proche extinction planétaire,

 

Lorsque ne resteront, vivants sur cette terre,

 

Que méduses, virus, infimes champignons.

 

 

 

L'Oncle Sam, ses dollars, et ses plus grandes toques,

 

Préparent à l'avance, avec ces ingrédients,

 

Le plat de l'avenir testé sur des mendiants.

 

 

 

Les derniers survivants de l'ultime combat,

 

Pourront le déguster dans une proche époque,

 

Sous l'ombrage argenté d'un ginkgo biloba.

 

 

 

le 11 11 2019

 

 

 

38 LA PUB DANS LES WC

 

 

 

La pub de nos parents, après les moments noirs,

 

Afficha ses couleurs et ses pensées vénales,

 

Au ciné, dans la rue, le long des nationales,

 

Parfois tout près, mais jamais dans les urinoirs.

 

 

 

Elle vient aujourd'hui d'entrer à l'intérieur,

 

Jusque devant le nez des hommes aux toilettes,

 

Jusqu'à la chute de l'ultime gouttelette,

 

Espérant attirer l'argent des travailleurs.

 

 

 

Pendant ces courts instants où ils sont disponibles,

 

Devant un bel écran, d'intelligents capteurs

 

Enregistrent les goûts des messieurs impassibles

 

 

 

Qu'analysent l'IA d'un grand ordinateur ;

 

Ainsi les annonceurs ne ratent pas leur cible.

 

(Ce qui n'est pas le cas des utilisateurs).

 

 

 

le 14 11 2019

 

 

 

39 ZWARTE PIET

 

 

 

Les fêtes de Saint-Nicolas, aux Pays-Bas,

 

Suscitent chaque année de véhéments débats ;

 

Non pas que Zwarte Piet offre des sucreries,

 

Mais il a la peau noire et cela contrarie.

 

 

 

Tradition chère aux têtes blondes pour certains,

 

Qui n'y voient dans ce noir qu'un humour enfantin,

 

Pour d'autres le rappel d'une infâme période

 

Où l'esclavage était en Hollande à la mode.

 

 

 

Craignant que la dispute atteigne des sommets,

 

Et que la tradition disparaisse à jamais,

 

Il fut admis, après les palabres d'usage,

 

 

 

Que Piet n'aurait qu'un peu de suie sur le visage.

 

Mais alors qu'un combat de rue fut évité,

 

Les ramoneurs eurent l'envie de protester.

 

 

 

le 15 11 2019

 

 

 

40 IDÉALISTES

 

 

 

Qui n'a jamais rêvé, dans son petit nuage,

 

D'un homme, d'une femme ou d'un monde idéal,

 

D'un homme fortuné, musclé, sentimental,

 

D'une femme de qualités et d'avantages ?

 

 

 

Qui n'a pas une fois rêvé d'un autre monde

 

Sans oppresseurs, et moins encore d'opprimés,

 

Où l'idéal humain ne serait plus trimer,

 

Mais se réaliser, libre, chaque seconde ?

 

 

 

La grande Histoire humaine abonde d'utopistes

 

Dont certains, valeureux, sont portés dans la liste

 

Des héros disparus dans de glorieux combats ;

 

 

 

Elle fourmille aussi d'autres qui n'y sont pas,

 

Et qui pourtant se prétendaient idéalistes,

 

Mais n'aimaient que le vin, l'amour et le tabac.

 

 

 

le 18 11 2019

 

 

 

41 VENISE

 

 

 

Dans Venise inondée, les gondoliers soupirent ;

 

Place St Marc, on maudit cette acqua alta

 

Qui noyant les palais, ferait craindre le pire

 

À Léonard, s'il était là pour un constat.

 

 

 

Demain, les Vénitiens, réfugiés climatiques,

 

Abandonnant Moïse et ses plans ambitieux,

 

Devront trouver un sol plus haut, sous d'autres cieux,

 

Pour rebâtir une Venise à l'identique.

 

 

 

Faut-il se lamenter ou vaut-il mieux en rire ?

 

Rires ou pleurs ne modifient pas le destin

 

Qui répand la noirceur quand le soleil s'éteint.

 

 

 

Venise a su montrer, dans ses plus grands délires,

 

Ce que fut le génie des prodiges humains,

 

Elle montre aujourd'hui ce que sera demain.

 

 

 

le 20 11 2019

 

 

 

42 FIDÉLITÉ

 

 

 

« Tout homme qui regarde une femme en pensant

 

Au plaisir qu'il aurait rien qu'en la caressant,

 

Est déjà pour la sienne un époux infidèle, »

 

Disait Matthieu, dans son évangile modèle.

 

 

 

Qui peut dire où et quand naît l'infidélité ?

 

Dans les données cryptées de notre hérédité,

 

Un regard, un sourire, un érotique rêve,

 

Dans la curiosité, l'envie de changer d'Ève ?

 

 

 

Infidèle charnel, infidèle mental,

 

L'homme n'est que fidèle à son instinct vital ;

 

Et s'il se dit fidèle, un monstre d'innocence,

 

 

 

Fut-il seul un été ? car la fidélité

 

Ne révèle sa force ou sa fragilité

 

Que dans la redoutable épreuve de l'absence.

 

 

 

le 21 11 2019

 

 

 

43 CHARLES DARWIN

 

 

 

''Aux plus intelligents, aux plus dotés de force,

 

Survivent ceux qui savent le mieux s'adapter'',

 

Proclamait haut Darwin à la communauté.

 

À ce dogme, demain, ferons-nous une entorse ?

 

 

 

S'adapter quand on a devant soi mille siècles,

 

Est différent de quand on a moins de trente ans ;

 

Les chances de survie de nos petits enfants

 

Sont liées à une intelligence et force d'aigle.

 

 

 

Leurs guerres pour l'eau pure et pour la nourriture,

 

Contre un monde affamé, sans Dieux, morale et lois,

 

Exigeront qu'ils soient fins et forts à la fois.

 

 

 

Mais lorsque cesseront ces violences futures,

 

Et que les rescapés referont leurs maisons,

 

Ils verront que Darwin, encore, avait raison.

 

 

 

le 24 11 2019

 

 

 

44 LES ARTISTES

 

 

 

Que dire de l'acteur, l'artisan de théâtre

 

Qui déride les fronts, et les plus acariâtres,

 

Que dire du danseur, classique ou novateur,

 

Qui remet en question gravité, pesanteur,

 

 

 

De l'écrivain secret en son mental empire,

 

Qui raffine ses jets, les meilleurs et les pires,

 

Du peintre, peu ou prou, réel ensorceleur,

 

Qui tel un savant fou, mêle tons et couleurs,

 

 

 

Du musicien, qui dans les sons et les silences,

 

Sous la loi du tempo, porte la non-violence ?

 

Que dire de ceux-là qui placent l'émotion,

 

 

 

Les sentiments profonds devant la réflexion ?

 

Sinon qu'ils continuent, il n'y a rien à dire ;

 

Ou peut-être merci au beau qui les inspire.

 

 

 

le 25 11 2019

 

 

 

45 CONTE DE NOËL

 

 

 

Un vieux Père Noël en habit de travail,

 

Paré de l'essentiel jusqu'au moindre détail,

 

Se presse de gagner une grande surface,

 

Où des bambins gâtés comptent le voir en face.

 

 

 

En chemin, une enfant, bouche ouverte, yeux béants,

 

Regarde le barbu comme un crapaud géant.

 

- Tu ne m'as jamais vu, grogne t-il, fille bête ?

 

- Non, répond la fillette en ballottant la tête.

 

 

 

- Je suis Papa Noël ; j'ai là ma cargaison

 

De jouets, de ballons, de robes, de blousons ;

 

Dis-moi, as-tu été bien riche, cette année ?

 

 

 

L'enfant, des regrets plein la voix dit ''non, M'sieur''.

 

- Alors tu n'auras rien, puis s'en va, silencieux,

 

Sa hotte sur le dos, dans l'ombre délestée.

 

 

 

le 28 11 2019

 

 

 

46 LES MOTS D'AMOUR

 

 

 

D'entre les mots d'amour qu'un homme peut entendre,

 

Et qui le laissent d'eux à jamais imbibé,

 

Il y a les premiers, les plus doux, les plus tendres

 

Que sa maman lui chante en langage bébé.

 

 

 

Viennent plus tard en grappes sobres, les je t'aime,

 

Que des femmes allient au parfum de son cou,

 

Et qui sont immortels comme le xéranthème,

 

Ou pire comme l'est un pétrole à bas coût.

 

 

 

Viennent parfois, et tant mieux s'ils ne sont posthumes,

 

Des mots inattendus qui le laissent sans voix,

 

Légers comme une plume et lourds comme une enclume.

 

 

 

Ces mots d'amour, ces mots précieux mais qui n'ont pas

 

De prix : '' tu as toujours été un bon papa'',

 

Le soulagent des coups des vaines amertumes.

 

 

 

le 01 12 2019

 

 

 

47 FILLE D'ORIENT DÉRACINÉE

 

 

 

Ta jeunesse promet dans ton Orient natal,

 

Mais quand la liberté, soudain toque à ta porte,

 

Confiante tu la suis et le destin t'emporte

 

Sur une terre amie de ton instinct vital.

 

 

 

La Provence t'accueille autant qu'elle le peut,

 

T'intègre aux bras vaillants de son hôtellerie ;

 

Trois enfants naissent dans ta maison, peu à peu,

 

Et puis ton compagnon quitte ciel et prairies.

 

 

 

Ta vie fut bien remplie, chaque jour, à ras-bord,

 

Plus colorée que tu l'avais imaginée,

 

De bonheurs et sueurs inconnus à Chambord.

 

 

 

D'un homme du pays, une fillette est née,

 

Qui est dans ton hiver, un trop lointain trésor,

 

Une eurasienne, à Montréal, déracinée.

 

 

 

le 04 12 2019

 

 

 

48 HIER, AUJOURD'HUI, DEMAIN

 

 

 

Il y a toujours eu, depuis que l'homme est là,

 

Et bien avant, mais avant lui, quelle importance,

 

Des bouleversements, des Charybde et Scylla,

 

Des coups qui ont failli rayer son existence.

 

 

 

Mais nous n'étions pas là pour les vivre, en souffrir,

 

Et ne ressentons rien pour nos lointains ancêtres

 

Qui pourtant ont souffert afin de nous offrir

 

La chance ou la malchance, en ce siècle, de naître ;

 

 

 

En ce siècle où toujours, s'abattent des fléaux :

 

Tsunamis, incendies, famines, canicules ...

 

Et autres tragédies qui nous mettent K.O.

 

 

 

Et qui continueront, de l'aube au crépuscule,

 

Demain, après-demain, jusqu'au dernier chaos,

 

Quand ceux que nous vivons paraîtront minuscules.

 

 

 

le 06 12 2019

 

 

 

49 LE VIN

 

 

 

Fier de son invention cordiale qu'est le vin,

 

L'homme le fit entrer dans sa noble nature :

 

Musique, traditions, toutes littératures,

 

Croyances, religions, domaine du divin.

 

 

 

Tant ayant été dit, écrit, fait et chanté

 

Sur ce jus fermenté qui joliment inspire

 

Et que lampe l'ivrogne à l'instar des vampires,

 

Qu'il est bien difficile, ici d'en rajouter.

 

 

 

Sinon que ce breuvage est aussi de l'alcool,

 

Et s'il n'est interdit, à l'occasion, d'en boire,

 

Si l'on veut éviter d'éthyliques déboires,

 

 

 

Se servant un canon, mieux vaut faire un faux-col.

 

Et si l'on doit trinquer, suite aux belles paroles,

 

Faisons semblant de boire et trinquons au symbole.

 

 

 

le 13 12 2019

 

 

 

50 PASSAGE SUR TERRE

 

 

 

En sortant de son ballotin, nu comme un ver,

 

L'homme inspire d’instinct l’élément invisible,

 

Puis crie qu'on l'a sorti de son abri de chair,

 

Plongeant dans l'euphorie sa venue prévisible.

 

 

 

Poussé par ses désirs, il sort à découvert,

 

Cherche à se garantir des ennemis nuisibles,

 

Lâche le bras, la main de ceux qui lui sont chers,

 

Tâchant de faire au moins ce qui lui est loisible.

 

 

 

Enfin le jour arrive, à l'entrée de l'hiver,

 

Où rêvant de répit dans une aura paisible,

 

Détaché des folies d'un nouvel univers,

 

 

 

Il devient étranger dans un monde illisible.

 

Sa marche ralentit, puis saute, son fusible,

 

Le voyage est fini, l'au-delà reste ouvert.

 

 

 

le 29 12 2019